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Ma vie c'est du blabla...
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14 août 2009

Vintage blabla

Je sais que j'avais dit que je le ferai, mais j'hésite. C'est quand même très perso. Puis surtout c'est psycho-dramatico-pathétique à mort. Ca vole à peine plus haut que "Premiers Baisers", c'est dire. J'ai honte. Assumerai-je ou pas?

Allez, c'est pas mon genre de ne pas assumer mes conneries, j'me lance. Si je regrette, je n'aurai plus qu'à changer de nom, de visage et de pays...

Mais avant de vous livrer les précieux extraits, une petite remise en contexte pour vous qui n'avez pas connu l'ado que je fus. Déjà, il faut savoir que j'ai appelé mon journal Charlie. Je sais, c'est ridicule. Je pourrais broder en vous disant que c'est en référence à la série et que du coup j'avais l'impression d'être une drôle de dame mais la réalité est encore plus embarrassante. En fait, l'été précédant la reprise de ma petite manie scribouillarde, j'avais rencontré sur la plage un charmant jeune homme aux yeux noisettes et au sourire ravageur. Malheureusement, à l'époque ma timidité maladive et ma tronche de pizza m'avaient alors empêché d'attaquer frontalement et m'avaient contrainte à sous-mariner pour en apprendre un maximum sur ce jeune demi-dieu, qui s'est avéré s'appeler Charlie. L'été passé sans que j'aie jamais réussi à lui adresser la parole, mon fantasme d'amour estival avorté, j'ai fait de son fantôme mon confident, un peu comme ce grand frère que je n'ai pas...

Allez, riez, moquez-vous, le meilleur reste à venir...

Je vous livre en exclusivité le premier paragraphe de ce qui va devenir une arme d'auto-dérision massive! En date du samedi 16 octobre 1996:

"Rappelle-toi mon petit Charlie, je t'ai eu en 1991. C'est ma super copine Aurore qui m'a offert ce carnet intime dans lequel j'ai commencé à écrire plein de bêtises. Désolée, mais j'ai arraché toutes tes pages qui étaient couvertes d'imbécilités et je recommence en cette année, mais pour des choses plus sérieuses."

Attendez, à 14 ans on a effectivement plein de choses très sérieuses à confier à son journal, faut pas croire! Tenez la preuve en mots (au passage, saisis tels quels, fautes d'orthographe et syntaxe approximative d'origine):

"Je subit tout le temps des pressions. Heureusement, il y a la musique qui arrive à me détendre et à me faire oublier que je suis moche et sans intérêt et que les garçons ne veulent pas de moi. Et maintenant il y a toi aussi. Ca m'aide à me débarrasser de tous mes soucis, de parler à quelqu'un (ou d'écrire). Que pourrais-je bien t'écrire d'autre à ton avis? Que j'adore Médo, Thomas, G-Squad, les Années Tubes, Backstreet Boys, 3T... Ce ne sont que des choses futiles mais réconfortantes car, quand je te l'écris, personne ne risque d'aller le répéter ou de m'embêter avec [...]"

Ouais, bon, j'avais prévenu, c'est pas glorieux glorieux. On continue quelques jours plus tard avec un passage plutôt annonciateur de mon caractère compliqué et de mes relations non moins compliquées avec mon dragon:

"Et revoilà maman qui s'inquiète et s'interroge sur ce que j'écris. En plus, elle s'occupe de mes ongles. Ca ne me déplaît pas mais... je ne sais pas trop comment le dire. Ca m'énerve et en même temps j'aime qu'elle s'occupe de moi. C'est un peu bizarre. C'est comme quand on m'embête. J'ai l'impression que j'existe mais que sous la forme d'une nullité moche. Ca me réjouit mais me peine."

La dualité dans toute sa splendeur. Et un sentiment récurrent: je suis nulle et moche. Faut dire que j'ai été une ado parfaite: peau capricieuse, coupe de cheveux inexistante, de la ferraille plein les gencives, lunettes mode mamie, sens de la mode tâtonnant. Ajoutons là-dessus de bons résultats scolaires, une cote de popularité proche de celle des rognons servis à la cantine et un complexe sur mon poids (pourtant plus que raisonnable à l'époque, j'étais plus liane que barrique), et le portrait est tiré...

Septembre 98, l'état des lieux est toujours aussi consternant: je suis en première L, me pose plein de questions existentielles et vis mes premières expériences ésotériques avec spiritisme, tirage de tarots et tutti quanti. Et une obsession: le vide intersidéral dans ma vie sentimentale... Le tout donne un paragraphe hautement hilarant:

"[...] ça pourrait peut-être, je dis bien peut-être, marcher entre un mec et moi. Mais j'ai quand même un peu peur de tenter l'expérience. Qui sait? Peut-être que je n'aimerai pas du tout ça, ou ça ne serait pas concluant, ou tout compte fait ce n'était pas le bon. Ou tout ça à la fois. Enfin bref, je ne suis pas très confiante. Donc c'est peut-être de ma faute si je n'ai tjrs pas de copain. Je suis peut-être faite pour, justement, ne pas en avoir. Tant d'interrogations irrésolues et qui resteront sans réponses pdt encore longtemps."

Après cet extrait, ma production littéraire connaît une traversée du désert de deux ans. Deux années pendant lesquelles j'ai vécu pas mal de choses et que je résume alors en une incursion datée du 4 juillet 2000:

"Eh oui Charlie: quasiment deux ans après ma dernière confidence! On peut dire que c'est vieux. Le plus drôle, c'est de relire au fur et à mesure ce que j'avais écrit! Et là, je me tord de rire: je suis (j'étais?) vraiment trop pathétique! En me relisant, j'ai l'impression que tous les malheurs du monde m'étaient tombés dessus. J'ai revu exactement la fille moche, avec des boutons, des lunettes et un appareil, la fille mal dans sa peau, mal aimée. Heureusement pour moi, j'ai en partie quitté ce personnage. J'ai grandi, j'ai changé. En bien? En mal? Qui peut juger?

En tous cas, il ne faut pas croire que j'aie chômé depuis deux ans. Je me suis brouillée avec Alice pour un sacré bout de temps encore, brouillée puis réconciliée avec les filles (Aurélie, Carole et Anne-Lise), j'ai rencontré de nouvelles personnes dont je me suis fait des ami(e)s (?), j'ai passé mon bac de français, je suis sortie avec Romain (un garçon compliqué), j'ai bossé pour être admise en hypokhâgne, j'ai passé le bac et maintenant j'attends les résultats... pour demain: je flippe!"

C'est bref. Et ça ne rend aucune justice aux évènements qui ont rythmé ma vie, qui m'ont construite puis détruite. Mon parcours fut chaotique, mon moral plus en dents de scies que jamais, mais je crois qu'à cette époque, l'écrire aurait été encore plus douloureux que le taire. Ceci dit, question mal-être et douleur, le pire reste à venir, puisque les blessures de ces deux années se sont infectées petit à petit finissant par me ronger véritablement.

En 2001, ça donne un cuisant constat, verdict sans appel:

"Bilan: bof, mitigé. Plus je regarde derrière moi, plus je vois de médiocrités. Et uand je regarde devant, c'est encore un pur brouillard digne de ce nom. Reste quand je regarde autour de moi. C'est pas brillant. La prépa marche moyen, j'y ai pas de vraies copines, je suis toujours pas remise de Romain, pas de mec pour me rassurer sur moi-même, des petites (~) crises existentielles par-ci par-là, et tout... Franchement, je dois avouer que je suis pas souvent fière de moi. J'en ai marre de traîner ma peau."

La descente est inexorable, mais j'ai conscience de ne voir à ce moment-là que le verre à moitié vide. Vu par moi-même, ça donne:

"C'est à la fois marrant et profondément pessimiste. C'est vrai, ça, je n'écris jamais quand je suis heureuse. C'est quand même bizarre, tu ne trouves pas? [...] Ca veut peut-être dire que mes bonheurs sont trop insignifiants par rapports aux malheurs, qu'ils ne valent pas la peine d'être racontés. Dans ce cas c'est vraiment triste pour moi. Suis-je malheureuse?"

Ouais, je suis une fille torturée. J'ai jamais dit le contraire. Et là encore, c'est plutôt risible parce que nombriliste à souhait. Et en même temps, je dois avouer que j'ai passé une période vraiment difficile, à ruminer sur ma condition, spécialement durant mon année de prépa:

"J'ai l'impression d'être un zombie: je dors, je mange, je travaille, je regarde la télé, je mange, je dors... ad lib. Quand est-ce que je pense: quand ça ne va plus. Quand est-ce que je sors: heu... même pas régulièrement (~ ts les 36 du mois). Quand est-ce que je mène une vie normale pour une fille de 19 ans (mecs, copines, sorties, fous rires...): bah voilà, je sais pas. Les seules choses que je sais c'est que j'existe et que je ne sais rien. C'est lamentable. Je vais reprendre mes interrogations de collégienne gentille mais pas fute-fute genre: est-ce que je suis normale? Pourquoi j'ai pas de réponses à mes questions? Ca va durer toujours? Mais ce coup-ci j'ajoute: est-ce que je vais faire quelque chose de bien une fois dans ma vie? Et si je mourrais, là tout de suite, qu'est-ce que ça changerait pour tout le monde? Pourquoi Dieu, s'il existe, ne veut pas me faire mourir? Est-il possible d'être seulement intelligente (si jamais je le suis) dans cette saloperie de société basée sur le physique? Pourquoi j'ai pas de copines et je suis obligée d'écrire à un pauvre journal qu'en a rien à foutre de mes états d'âme pas brillants brillants? Dans le cas d'une fille comme moi, est-il possible de devenir belle et aimée de tout le monde? Pourquoi est-ce que je ne suis pas anorexique? Peut-être même que je suis plutôt boulimique? Pourquoi est-ce que je suis comme je suis? Pourquoi est-ce que je suis? Pourquoi je ne suis pas un grille-pain (qui soit en passant est utile)?"

Là, le sourire s'efface, les larmes montent malgré moi. Merde, qu'est-ce que j'ai pu être mal... Ce sentiment d'être invisible, inutile, vide, on ne peut pas le combattre tout seul. Heureusement, pour le coup, je m'en suis vraiment sortie, mais j'ai quand même mis des années avant d'y arriver. Finalement, valait mieux que ne sois pas un grille-pain, je me serais vachement ennuyée!

En tous cas, j'espère que ceci vous aura fait plus rire que pleurer... Une prochaine fois, ce sera des extraits de mes agendas de lycée, avec mots des copines et autres graffiti rigolos!

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Commentaires
A
Et ben on peut dire que ton journal etait dejà ton exutoire à l'epoque! mais si que tu en avais des topines!!!! les spices girls!!!! et pi anna lisa la bresilienne qui traverse les temps! ok pas sans une ride mais bon on fait ce qu'on pneu avant d'être botoxisée!!!
D
non je n'ai pas ri ! j'ai écrit à peu près le même genre de conneries sur le sens de ma vie qui me passait à côté ! A l'époque un grille pain aurait pu être mon meilleur ami , j'en aime l'usage et l'odeur ! je suis solidaire : 100% d'accord que ce n'est pas facile de trouver sa place . Je me pose encore la question aujourd'hui et j'ai 34 ans bordel de merde ! ppff fait chier ... (ben quoi j'ai pas fait hypokhâgne)
V
et bien... tu m'etonnes que ca t'a vidé de poster ces années qui sont derrière toi et franchement? ben non ca ne m'a pas fait rire, loin de là, mais ca me va bien aussi tu sais, car là...et bien c'est toi, toi et toi avec tes "bas" qui existent aussi. et je te confirme ; te voir en grille pain?! non ! je préfère ce que tu es avec tout ce que ca comporte. on se serait vachement ennuyé aussi ;)
Ma vie c'est du blabla...
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