Voyage, voyage, ou tribute to Desireless
On dit souvent que les voyages forment la jeunesse. Dicton à la con tiens. Celui qui l'a énoncé n'a jamais essayé de rallier la Normandie depuis le fin fond du trou du bout de l'Ecosse en bus. Je serais même prête à parier qu'il n'a jamais bougé de chez lui. Ou alors c'était un nanti en jet privé, parce que sinon, je vois pas.
La jeunesse, avant tout, elle est pas toujours très fortunée. Donc elle essaye de voyager pas cher, quitte à ce que ce soit à dos de dromadaire. Ou pire, en bus (ouais, je suis sûre que le dromadaire, c'est pas si terrible). La jeunesse, elle s'était dit que 12 heures de bus, ça n'était qu'un petit sacrifice en comparaison de l'économie réalisée.
La jeunesse, elle savait pas ce qui l'attendait (la conne).
Sartre pensait que l'enfer c'était les autres, moi je dis que c'est le bus Inverness-Londres avec les autres en plus. Déjà, il faut savoir qu'Applecross-Inverness en ce moment, c'est déjà deux heures et demie de bagnole. La faute aux congères qu'arrivent pas à se tenir correctement et qui bloquent la route principale. Du coup, obligés de prendre la route secondaire qui fait genre "de Brest j'irais bien à Marseille mais en passant par Lille". J'exagère à peine. Arrivés à Inverness, bien évidemment, pause pipi. Sauf qu'un dimanche à 18h, Boxing Day (26 décembre, férié), trouver des toilettes relève de l'exploit. Et nous, les exploits, c'est pas trop notre truc. Tant pis, se dit-on, on ira dans le bus.
A partir de là, on va faire simple: premier bus, en panne, changement avant même d'avoir fair 1km. Deuxième bus, plus petit, bondé, toilettes dégueu. Troisième bus, formidable, aux trois-quarts vide (un quart plein?), ca n'a duré qu'un heure et demie. Quatrième bus, bondé, surchauffé, empuanti, Darling et moi séparés, toilettes... y a même pas de mot. J'en aurais pleuré si je n'avais pas été si assommée par la fatigue, l'inconfort et les odeurs. Quant à Darling... il n'a quasiment pas pipé mot mais son visage hurlait "je souffre mille morts, achève-moi, je t'en supplie". J'ai honte de nous avoir imposé ça.
Je crois qu'au retour, on va jouer les nantis, quitte à manger des pâtes pendant un mois.
Et puis, quand même, histoire qu'on ne se fasse pas d'idées, le but valait largement toute cette peine... Vacances, en France!