Dis, pourquoi je suis pas un ours polaire?

Des fois, je me demande. Flash back (rien à voir avec le tube disco, suis pas d'humeur)!

On est mercredi 10 février. Il fait froid. Beaucoup de vent. La météo n'est pas bonne et ma truffe flaire la neige. Evidemment, cette histoire de neige, ça fait jaser. Tout le monde s'accorde à dire que c'est plutôt rigolo les batailles et les bonshommes, que c'est joli les paysages tout blancs. Mais ça c'est bon pour ceux qui n'ont rien de mieux à faire que de regarder les flocons tomber. Aller se mettre sur la route pour aller travailler, c'est une autre paire de manches...

Perso, je suis comme tout le monde. La neige, j'aime bien, mais de loin. Ou au moins de ma fenêtre, au chaud, avec une tasse de thé et des biscuits. Eventuellement avec des bottes fourrées et bien emmitouflée pour aller prendre des photos sous le soleil. Mais pas trop longtemps, hein, parce que quand même, ça glisse, ça mouille et c'est froid. Et pour le coup, on sera tous d'accord que tout ce qui est mouillé et froid, c'est beurk.

Alors, quand cette saloperie s'est mise à tomber vers 18h, tourbillonnant violemment dans les trombes de vents, je me suis dit que décidément, j'étais souvent au mauvais endroit, au mauvais moment. A 19h, ça semblait s'être calmé. A 20h30, ça retombait pour s'arrêter à nouveau. Sur les coups de 22h, on se serait cru dans La Marche de l'Empereur, le passage où les pauvres pingouins luttent de toutes leurs petites forces contre le blizzard pour préserver leurs oeufs de la grande méchante neige. En guise de banquise, un quai couvert de véhicules divers et variés (pour ne pas dire hétéroclites). A la place de milliers de pingouins noirs et blancs, deux bipèdes difficilement identifiables du fait d'une fort peu seyante tenue orange fluo.

Je ne vais pas faire durer le suspense inutilement: je suis malheureusement l'une des deux. Et je maudis la mauvaise étoile qui m'a placée là. Ainsi que celle qui ne m'a pas dotée d'un système anti-froid adéquat. Certes, chez la plupart des espèces, la graisse est un isolant thermique efficace. Mais pas chez moi. Par contre, dès que je commence à m'agiter et à parcourir le quai, ma chaudière interne s'affole, me faisant transpirer comme une tranche de jambon sous cellophane. Résultat: je bous à l'intérieur du dedans et je suis frigorifiée par la surface. L'épiderme de mes joues est littéralement brûlé par le froid et je vire au cramoisi teinté d'aubergine, cette inimitable couleur que normalement seuls les ivrognes savent créer...

Comble de malchance, la neige redouble, nous fouettant les yeux et nous forçant à marcher dos au vent, ce qui est moins que pratique lorsqu'on nous demande un état des lieux global. Sans compter sur cette désagréable sensation qu'une congère est en train de se former sur mon bonnet, menaçant de me dégouliner dans le cou au moindre réchauffement. Et les gens bien au chaud dans leurs voitures qui n'ont même pas un sourire de compassion. Chienne de vie.

A ce moment précis, j'ai vraiment envie d'être couverte d'une épaisse fourrure bien douillette et armée de griffes et de crocs qui tiendaient en respect tout enquiquineur. Très envie de pleurer aussi. Mais je me retiens de peur de les voir se transformer en stalactites au bout de mes cils.

Après, je n'ai pas pleuré non plus, bien que tout au bout du bout du bout du rouleau.

Par contre depuis, je renifle, je tousse et j'ai la tête prise dans un étau.

Est-ce que les ours polaires attrapent des rhumes? Si non, alors je veux en être un.