Blues post-mondanités...
Aujourd'hui aurait pu être un jour avec, pourtant c'est un jour sans.
Dommage. J'avais passé une si bonne journée hier, entre ménage, rangeage, faisage de cheese-cake et papotage avec les cop's. En plus, j'étais toute remontée à bloc grâce à tous les petits commentaires élogieux (pas forcément tous mérités) que m'ont offert ces amies fantastiques.
Du coup, aujourd'hui, je tenais une forme quasi olympique, je me sentais solaire! Jusqu'à ce que...
Tout est parti d'un innocent coup de fil de papounet chéri, qui me propose, puisque je ne travaille pas, d'aller à sa place à l'inauguration d'une expo organisée par "mon" musée. Petite parenthèse pour explication du possessif: ce musée, j'y suis attachée depuis 1996, date de notre première collaboration. C'est lui qui m'a confortée dans mon idée de bosser dans le patrimoine. Entre 2006 et 2007, j'y ai passé quand même 5 mois en tant que stagiaire, vous dire à quel point j'ai eu du temps pour l'aimer et m'y sentir chez moi... Bref, fin de la parenthèse.
Naturellement, je m'empresse d'accepter, rien ne me fait plus plaisir que de retrouver "mon" musée et les gens que j'y ai rencontrés.
Mais soudain, une angoisse monte: qu'est-ce que je vais bien pouvoir me mettre??? Spontanément, j'aurais voulu porter une robe. Sauf que les miennes font trop... ou pas assez... Une jupe? Pareil que mes robes. J'opte pour mon jean New Look, bien coupé et foncé (donc sortable), mais reste la question du top: couleur, noir? Pfffff, j'en retourne ma penderie de dépit. Rien à faire, je ne trouve pas. Je finis par déposer les armes et pioche un t-shirt noir, pour le côté sobre, asymétrique parce que la sobriété c'est ennuyeux, réchauffé de mon gilet ultra-long beige et noir. Pas trop habillé mais pas touriste non plus. Enfin, c'est ce que je me dis pour me rassurer, en arrivant chez mes parents où je dois récupérer le carton d'invitation.
Ce qui, bien évidemment, n'est pas l'avis de ma chère maman. "C'est joli, ta tenue", lui dis-je dans l'espoir de m'attirer ses bonnes grâces... "Ouais, c'est pas nouveau", me répond-t-elle avec sa douceur habituelle. Et puis, me détaillant de la tête aux pieds: "t'aurais pas pu mettre autre chose que ce vieux machin??? Et puis encore une fois ton t-shirt n'est pas repassé!"
A l'extérieur de mon dehors, j'ai l'air de quelqu'un qui n'a rien entendu. A l'intérieur de mon dedans ça fait: Grrrrmmblblgrrrrr...
On finit par partir. Elle et moi. Ensemble. Dans ma voiture. J'ai beau rouler deux fois moins vite que d'hab', elle s'accroche au siège en faisant des grimaces. Qu'est-ce qui m'a pris de lui demander de m'accompagner???
En arrivant, on trouve rapidement des têtes connues, ce qui est une très bonne chose, parce que rester dans son coin à ce genre de manifestation, c'est la loose. Je fais des bises, des sourires, des signes de tête, je serre des mains: je suis désormais en représentation et constate que les gens se souviennent de moi. Ca me rassure un peu, il me semble que c'est plutôt positif. Ca n'empêche pas maman chérie de me glisser un insidieux "tu aurais pu mettre quelque chose sur ta peau, c'est pas possible comment tu fais rougeaude"... Je n'ai rien entendu, je n'ai rien entendu, je n'ai rien entendu. Je continue mes mondanités, je discute avec Unetelle, salue Mr Untel, bref, j'entretiens les relations car on ne sait jamais, ça peut toujours être utile.
Mais le doute, pernicieux, me gagne. Ai-je encore le droit d'être là, suis-je vraiment à ma place, que puis-je vraiment espérer, et surtout, ai-je vraiment l'air d'une grosse vache rougeaude??? Tout à coup, je lutte pour ne pas partir et me mettre à pleurer... Le masque se fissure, se craquèle à tout allure, mais je tiens bon. Même quand une personne dont j'estime (et envie) le travail me demande ce que je pense de l'expo et je sors une banalité monumentale. Pathétique même. J'ai envie de m'enfouir loin loin dans le sol, bien au-dessous des vestiges archéologique sous nos pieds.
Enfin, le supplice prend fin. Ma mère a un chauffeur pour rentrer qui n'est pas moi, je peux me dépêcher de rentrer. Et pleurer sur mon sort. Quoi que les copines m'aient dit, je ne travaillerai jamais dans "mon" musée. D'ailleurs, jamais je n'aurai un boulot moitié aussi intéressant que le leur, parce que je suis grosse, moche et bête. Mal fagotée, mal peignée et rougeaude. Jamais je ne serai une Sophie, une Sylvie, une Lucile et encore moins une Alice...
Je ne sais même plus qui je suis, ce que je vaux, ni ce que je veux vraiment...
Dubito ergo sum. C'est ma seule certitude désormais.